Ma biographie
Stephane Bonneau
Bonjour,
Cela fait déjà un bon moment que j’y pense ayant réalisé énormément de
choses dans ce métier...celles qui ont abouties bien sûr mais également des
quantités d’opportunités et de projets pour certains très importants et qui ont
échoués la plupart du temps très proches du but pour une raison ou une autre...
En fait l’idée de cette biographie m’a été suggérée par des journalistes
professionnels connaissant mon parcours et qui m’ont assuré que cela pourrait
intéresser plus de monde que je ne le crois et que ce serait quand même capital
que ces différentes informations soient divulguées au grand public qui en ignore
pour la plupart l’existence.
Donc à l’origine j’avais démarré cette bio
en compagnie d’un journaliste dont c’était le métier de retranscrire des
informations car je ne me sentais pas particulièrement à l’aise dans cet
exercice mais malheureusement c’était juste avant le début du Covid et on a bon
an mal an tenté de poursuivre ne sachant pas que cela allait s’éterniser. Puis
lorsqu’on a constaté que nous n’étions pas prêts d’en sortir nous avons décidé
d’un commun accord de mettre ce projet en stand-by le temps que la situation
générale redevienne normale. Il aura fallu plus de deux ans pour que cela se
réalise.
Après tout ce temps l’ayant annoncé dès le début on me demandait
fréquemment où en était mon projet et j’étais obligé de répondre qu’il était
totalement à l’arrêt comme dans beaucoup d’autres secteurs et qu’il fallait
attendre la fin de cet épisode. Cependant entre temps il a passé beaucoup d’eau
sous les ponts si j’ose dire et lorsqu'enfin à nouveau la situation générale
redevenait propice c’est moi qui ai hésité ne me sentant plus trop dans l’esprit
d’une part et en réalisant le travail de titan que cela représentait, plus tout
le quotidien à gérer.
Et c’est seulement à présent que je mesure en
voyant certains post divers sur mon profil Fb et ailleurs qu’il serait malgré
tout essentiel pour moi que les gens sachent véritablement ce qu’il s’est passé
en coulisse depuis tout ce temps car en fait je n’ai jamais vraiment stoppé mes
activités dans le secteur musical (sauf à une certaine période mais pour des
raisons extra professionnelles dont je reparlerai en temps voulu), simplement
des projets sur lesquels je travaillais et y croyais à juste titre n’ont pas
aboutis mais souvent passés à un cheveu de se conclure. La faute à pas de chance
peut-être car quand je repense à tout je me dis que j’aurais pu et dû faire une
carrière exceptionnelle si même un seul des projets avortés s’était concrétisé.
D’un autre côté je réalise que même avec ce que j’ai fait au jour
d’aujourd'hui bien des gens à ma place en rêveraient donc il faut quand même
tout relativiser. Mais cependant avec mon caractère de perfectionniste jusqu’à
plus soif je reste un peu sur ma faim tout en comprenant qu’il y a nettement
pire c’est certain.
Par contre je pensais à l’origine réaliser une autobiographie “plus dans les
normes” avec un éditeur à la fin pour sortir le livre...mais à présent je vois
les choses différemment et j’ai décidé de la rédiger totalement seul au
détriment que cela soit moins bien écrit que par quelqu’un dont c’est le métier
mais si c’est un peu moins romancé c’en sera d’autant plus efficace car il y
aura forcément moins de style mais les faits relatés en seront d’autant plus mis
en avant et directs sans enjolivement quels qu'ils soient et en fait bien
évidemment différent mais plus authentique certainement. Au public d’en décider
!!!
D’autre part je vais tenter une formule moins classique à savoir la
mettre en ligne directement et simplement afin qu’elle soit consultable par qui
le souhaite et de ce fait totalement gratuit. Je joindrai simplement un lien
pour ceux qui voudraient faire un don quel qu'en soit le montant afin de
soutenir mon travail...mais rien d’obligatoire bien entendu.
Bien évidemment
je l’annoncerai suffisamment sur mes différentes pages afin de vous
prévenir...comptant également sur le bouche à oreille pour ceux qui ne me
suivent pas.
Allez je pense que ces explications préalables étaient établies
il est temps maintenant de rentrer dans le vif du sujet.
J’ai donc connu une enfance plus ou moins heureuse même si nous n’étions
pas spécialement riches mais pas pauvres non plus. Elevé dans mes premières
années davantage par ma grand-mère ma mère étant mannequin et de ce fait
toujours par monts et par vaux d’autant plus par sa notoriété importante
survenue très tôt. Pour exemple elle a entamé les photos de mode à l’adolescence
et était à 18ans déjà très connue dans le métier. A vingt ans à peine elle est
retenue par le célèbre photographe Robert Doisneau qui réalisera une de ses
photos les plus mythiques qui tournera dans le monde entier diffusée sous
différents formats et même des cartes postales. La voici ci-dessous d’ailleurs :
Le "Bouquet de Jonquilles" de Robert Doisneau.
J’ai donc
grandi ainsi mais toujours malgré tout bien accompagné. Ma mère s’étant mariée
avant ma naissance à un homme très beau mais très jaloux il a exigé qu’elle
arrête sa carrière de mannequin pour le suivre dans ses tournées à travers la
France car il était commercial mais son activité fonctionnait très bien. Elle
s’est donc pliée à ses volontés voyageant avec lui dans de magnifiques hôtels
mais s’ennuyant énormément dans la journée en l’attendant pendant qu’il allait à
ses rdvs. Mais après quelques mois à avoir supporté une telle routine l’ennui de
sa vie passée a refait surface car elle était d’un tempérament très dynamique et
bien qu’étant très amoureuse une discussion s’imposait car elle ne voulait pas
passer sa vie de la sorte même si en contrepartie cela lui permettait de
bénéficier d’une vie confortable...mais elle préférait à cela une vie beaucoup
plus active. Donc elle a décidé de reprendre sa carrière dans le mannequinat
contre le gré de son mari et il était tellement furieux qu’ils ont fini par
divorcer...tout cela avant ma naissance.
Ayant repris sa carrière d’avant
on lui proposait sans cesse des rôles au cinéma mais elle a tout refusé en bloc
car elle ne souhaitait pas devenir la proie des paparazzis en ayant suffisamment
déjà dans son métier actuel.
Par le hasard des rencontres elle est devenue un
jour la maîtresse d’une nuit d’un très séduisant jeune homme et cela a mené à ma
naissance. Ce n’était pas prévu mais elle a absolument désiré me garder sans que
lui connaisse mon existence et elle s’est débrouillée seule avec l’aide de sa
mère en l’occurrence comme je l’ai expliqué plus haut.
Me concernant,
après la maternelle j’ai d’abord étudié en école privée pour le cycle primaire
puis suis passé dans le public pour le secondaire. J’étais un élève plutôt
studieux donc cela se passait assez bien dans l’ensemble. Jusqu’au BEPC que j’ai
eu relativement facilement et qui coïncidait avec la fin des bonnes années me
concernant, il fallait faire un choix pour entrer en seconde et j’ai choisi la C
qui était la plus cotée et ouvrait de ce fait le plus d’options pour la suite
mais également la plus difficile. Le niveau général avait monté d’un coup et
c’est aussi à ce moment-là que j’ai choisi de débuter la pratique d’un
instrument de musique en l’occurrence la guitare.
Rien n’était pourtant
prévu au départ mais mes deux meilleurs amis de lycée se sont entendus
soudainement et d’un coup ils se sont acheté des guitares électriques et bien
entendu des amplis pour les brancher. Donc nous qui passions tous nos jours de
congé ensemble tous les trois, ils se déroulaient à présent complètement
différemment puisqu’ils répétaient ces jours-là. Le premier mois j’allais les
voir mais je tenais un peu la chandelle pour utiliser l’expression qui n’est
peut-être pas la mieux adaptée dans ce cas mais qui signifie bien ce que je
ressentais dans mon coin seul car eux avaient à présent une occupation très
prenante mais également intéressante et un nouveau but commun dont
malheureusement j’étais exclu provisoirement.
C’est là que je me suis dit
que la seule façon de nous retrouver était que je m’y mette aussi. J’ai expliqué
tout cela à ma mère qui avait l’avantage d’être artiste avec un tempérament très
ouvert et je me souviens très bien du jour où nous sommes partis tous les deux
faire les boutiques d’instruments de musique comme nous l’avions fait deux ans
auparavant mais pour les motos...où là il avait été plus difficile de la
convaincre mais elle avait fini par exaucer mon souhait par amour pour moi mais
à contre-coeur car elle avait très peur vu le danger que cela représentait.
Effectivement je m’en suis rendu compte par la suite manquant de peu à plusieurs
reprises des accidents qui auraient pu être très graves et qui m’ont totalement
éloigné de ce milieu qui me passionnait pourtant.
Pour en revenir à la
musique qui commençait aussi à supplanter et à remplacer l’intérêt que j’avais
ressenti pour la moto et qui en plus avait l’avantage de me réconcilier
moralement avec ma mère j’étais parti sans m’en rendre compte pour une passion
qui prenait de plus en plus de place et qui m’a finalement conduit à vouloir en
faire mon métier, au détriment total de mes études qui passaient progressivement
mais sûrement au second plan.
Parallèlement mes deux fameux amis qui
m’avaient involontairement entraîné dans cette nouvelle aventure commençaient à
se prendre la tête surtout un des deux qui avait décidé cela sur un coup de tête
pour avoir du succès auprès des filles... mais pas prêt à faire les efforts
suffisants pour travailler l’instrument.
Donc comme cela lui avait pris
soudainement de jouer de la guitare il a décidé sur un coup de tête de tout
arrêter et cela n’aura été qu’un intermède de deux à trois mois mais suffisant
pour m’entrainer dans ce projet non souhaité au départ. Le second a quand même
persisté un peu plus et comme c’était le seul qui avait un peu plus avancé que
nous il m’a un peu guidé au départ en m’apprenant mes premiers accords ainsi que
quelques riffs célèbres dont “Smoke on the water” l’incontournable gimmick des
débutants mais sur une corde au départ ainsi qu’un certain Alvin Lee dont je ne
me souviens plus du titre mais qui me plaisait bien (en fait cela vient de me
revenir il s’agissait du fameux “Love like a man”). Également un Beatles je
pense que c’était Day tripper mais bien sûr que les intros de morceaux à ce
stade.
Cependant j’avoue que j’avais été très troublé par l’arrêt plus
que soudain de mon autre ami et si le second n’avait pas insisté un peu plus je
ne sais pas si j’aurais moi-même continué ou alors par respect pour ma mère qui
m’avait acheté ce matériel à ma demande. Comme quoi dans la vie tout ne tourne
pas toujours comme prévu mais c’est ce qui en fait son charme par ailleurs.
Je commençais progressivement à combler mon retard sur mon ami qui avait débuté
un peu avant moi et il fallait absolument que j’arrive à me débrouiller seul.
J’avais la chance d’avoir une bonne oreille qui me permettait de déchiffrer des
petites mélodies voire des bouts de solos sur les disques que je remettais
jusqu’à ce que je trouve. Pas simple mais à cette époque c’était le seul moyen
que j’avais. Dans l’ensemble cela ne se passait pas trop mal même si je devais
parcourir tout le manche pour trouver les notes. Lorsque j’allais voir un
concert avec des musiciens qui avaient déjà plus de pratique que moi je
découvrais qu’ils réussissaient à faire la même chose mais en ne se déplaçant
que très peu. Cela m’intriguait beaucoup et à chaque fois je me disais qu’il
fallait vraiment que je trouve cette façon de jouer.
Régulièrement à la
fin des concerts j’allais voir le guitariste pour savoir s’il donnait des cours
et à chaque fois la même réponse négative. Parfois il y en avait qui me disaient
oui mais à la fin du compte ils ne me recontactaient jamais. A cette période les
seuls cours qu’on pouvait trouver étaient dans les conservatoires mais j’avais
entendu dire qu’on ne touchait pas du tout l’instrument pendant la première
année qui était dédiée totalement à l’enseignement du solfège. Moi je désirais
jouer et progresser mais directement sur l’instrument et non pas autrement et
comme j’étais très motivé et que je souhaitais profiter de ma qualité innée
d’avoir une bonne oreille comme je l’ai dit plus haut pas de choix. (Il y avait
également des cours de jazz mais ce n’était pas le style dans lequel je
souhaitais me diriger à ce moment-là).
Le problème c’est que à force de
jouer je commençais à progresser malgré tout mais je n’avais aucune idée de ce
que je faisais et comment savoir improviser. J’ai donc acheté des méthodes de
guitare dont une qui m’a marqué puisqu’il s’agissait de la fameuse méthode à
Dadi. Même si elle était très sympathique au demeurant et pour débuter je n’y ai
malgré tout pas appris beaucoup de choses et suis passé à d’autres beaucoup plus
enrichissantes pour moi.
De fil en aiguille j’ai découvert les gammes et
commencé à comprendre plus ou moins ce que je faisais et sur quelle tonalité je
me trouvais. Très intéressant tout cela et j’avais fait un bond en avant
subitement. L’apprentissage seul était un énorme travail où je ne comptais pas
les heures mais très satisfaisant à la fin du compte car on retient mieux ce que
l’on découvre par soi-même. J’en dégageais un plaisir certain et toutes les
personnes qui m’entendaient jouer m’encourageaient à poursuivre dans ce sens.
Enfin j’arrivais à prendre un peu de plaisir et c’est super de s’entendre dire
qu’on est doué mais à quel prix. Le nombre d’heures passées était considérable
mais quand on aime on ne compte pas...
Après cet apprentissage régulier
je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de jouer avec d’autres musiciens
et que cela contribuerait certainement à me faire évoluer sur d’autres plans et
compléter ainsi la mise en pratique concrète de tout ce que j’avais déjà appris.
En commençant directement par mes camarades de lycée, j’avais la chance à cette
période d’avoir un voisin de classe passionné de guitare et qui en plus avait un
petit groupe. Après avoir discuté de tout cela avec mon copain qui s’appelait
Didier (Chaumeil) nous avons convenu d’un rdv chez lui avec les différents
membres de son groupe pour voir si on pouvait faire quelque chose ensemble. Il
se trouve que son frère le chanteur n’était autre que Pascal Chaumeil qui
deviendra plus tard le célèbre réalisateur de films ayant entre autres crée le
film “L’Arnacoeur” avec Vanessa Paradis et Romain Duris en tant qu’acteurs
principaux qui a cartonné en faisant plus de quatre millions d’entrée en salle
et l’a rendu très côté par la même occasion ayant même eu une proposition
d’adaptation aux USA qui s’est d’ailleurs concrétisée avec des acteurs
américains bien sûr. Pascal est malheureusement décédé en pleine gloire alors
qu’il était enfin au firmament avec beaucoup de projets en cours.
Parenthèse terminée pour en revenir au petit groupe ainsi créé j’avais de mon
côté un ami d’enfance qui jouait du clavier et lui ai proposé de nous rejoindre
avec l’accord des autres membres. En plus cet ami clavier qui s’appelait Charles
Hurbier poursuivra également de son côté dans le secteur de la musique et avait
aussi un local dans la maison de ses parents où nous pouvions également préparer
notre répertoire en toute quiétude mais en adaptant bien évidemment nos heures
de répétitions. Au fur et à mesure nous construisions donc ce fameux répertoire
composé d’une majorité de covers basées principalement dans un registre rock et
cela tournait correctement. Par la suite lorsque nous étions suffisamment au
point nous avons fait divers concerts et le public appréciait dans l’ensemble
beaucoup nos prestations.
Ma mère du fait de ses connaissances entreprit
de nous faire enregistrer une petite maquette chez Phonogram déjà avec deux
titres de compos personnelles. Le résultat était sympa mais pas suffisamment
pour décrocher un contrat. Nous étions par ailleurs tous très jeunes à cette
période. Cependant je commençais à prendre goût à cette activité à tel point que
je voulais absolument poursuivre dans cette voie. Je le dis aux différents
membres du groupe mais personne ne se sentait apte à franchir le pas. Donc un
beau jour je me décidais à poursuivre mon chemin et abandonner à contre coeur
mes amis et collègues du groupe.
A l’époque il y avait principalement
deux magazines dominants sur le marché c’était Best et Rock&Folk qui
représentaient un peu la bible de tout musicien et qui en plus avaient
l’avantage l’un comme l’autre de traiter différents styles très intéressants et
y découvrir de nombreux sujets et artistes par la même occasion. Bien évidemment
comme pour tout magazine qui se respecte il y avait la fameuse rubrique “petites
annonces” afin de pouvoir rechercher différents musiciens qui pourraient
convenir à son propre niveau et aussi au style recherché.
Je pars ainsi
armé de mes deux revues, guitare en bandoulière dans cette quête qui s’avérait
assez fructueuse puisque grâce à cela j’ai commencé à rencontrer beaucoup de
musiciens divers dont certains sont devenus connus plus tard. D’auditions en
auditions où j’étais pris la plupart du temps en rapport avec un niveau déjà
relativement évolué et par tout l’acharnement que j’y avais mis c’était donc à
moi seul de prendre la décision mais je n’étais pas convaincu par ce que je
voyais, il y avait toujours quelque chose à redire. Donc je passais mon chemin
pour en tenter une autre ailleurs et ainsi de suite pendant quelques mois.
Finalement après avoir enfin trouvé plus ou moins mon bonheur qui à l’époque
se situait à la fac de Jussieu avec un jeune groupe plein de ressources et
d’envergure emmené par une chanteuse au superbe look il s’agissait bien entendu
de Shakin’ Street et de Fabienne Shine qui était en pleine ascension venant de
faire sensation peu de temps auparavant dans le fameux Festival de Mont de
Marsan. J’ai bien sûr été engagé sur le champ et ils m’ont même demandé si je
connaissais un bon bassiste que cela pourrait intéresser. Je n’ai pas eu à
réfléchir trop longtemps puisque le bassiste de mon petit groupe précédent était
le seul disposé à tenter l’aventure et en plus avait un niveau plus que correct.
Je le contacte et évidemment il me répond que c’est ok pour lui d’autant plus
que Shakin’ Street commençait tout juste à se faire un nom.
La semaine
suivante accompagné de Olivier le bassiste en question nous débarquons tous les
deux dans les locaux de Jussieu pour l’audition cette fois de mon camarade
bassiste. Même s’ils étaient présents à trois avec le batteur Jean Lou
Kalinowski et bien évidemment la charmante et sulfureuse Fabienne on ressentait
que concernant les décisions musicales c’était très nettement Eric Lévi le
guitariste et compositeur qui les prenait. Par la suite après Shakin’ Street il
deviendra le créateur fondateur du fameux groupe Era qui aura un énorme succès
international d’ailleurs.
Pour en revenir à l’audition du bassiste il fut
recruté également et le groupe était dorénavant complet. C’est seulement bien
plus tard que je compris que nous étions sensés remplacer Bertignac et Corinne
partis rejoindre Jean Louis Aubert dans Téléphone avec la carrière que tout le
monde connaît.
Cependant il se passa un événement totalement imprévu
puisque Fabienne avait déjà contacté Sandy Pearlman le célèbre producteur de
Blue Oyster Cult et que ce dernier avait finalement accepté de produire ce
nouveau groupe français favorisé par la présence de Fabienne qui avait un
charisme certain. Ce n’est pas pour rien si elle avait entretenu quelques temps
une relation avec un dénommé Jimmy Page. Cela peut aider également d’avoir de
telles connaissances dans un milieu où les appuis sont quand même assez
déterminants... Mais il se trouvait que Sandy Pearlman avait des idées bien
précises en tête puisqu’il avait décidé d’engager un certain Ross the Boss ex
Dictators en tant que guitariste principal car ce dernier bénéficiait évidemment
du soutien des Majors américaines. Du coup tout se réalisa très rapidement et en
deux temps trois mouvements le groupe parti s’installer aux USA et signa chez
CBS international avec Sandy Pearlman aux manettes et Ross ainsi qu’Eric aux
guitares. Mon bassiste et moi étant totalement ignorés de la part du groupe et
bien entendu du show bizz américain à tel point que Fabienne ne se souvient
absolument pas de cette histoire puisqu’en fait je ne l’ai vu que deux fois très
rapidement à Jussieu. Nous nous sommes croisés bien évidemment beaucoup plus
tard chacun ayant réalisé ses objectifs de son côté et étant même relativement
proches mais je n’ai jamais évoqué ce souvenir. C’était juste pour l’anecdote
mais qui est elle bien réelle.
Fabienne
et moi avec deux amis.
Après cette relative déception je m’en remis cependant rapidement en
réalisant que ce n’était vraiment pas mon style de musique puisqu’il s’agissait
de tendances punks qui étaient très nouvelles et à la mode mais qui ne
correspondait nullement à ce que je recherchais.
Je repris donc mon parcours
après ce qui n’avait été en fait qu’une petite parenthèse avec à nouveau ma
guitare en bandoulière. Cependant cela m’avait permis de rencontrer un milieu un
peu plus pro et j’avais à présent d’autres ambitions. La série d’auditions
suivante commençait à me désespérer encore davantage alors que suite à une
énième audition supplémentaire un petit “évènement” se produisit à sa sortie
avec la rencontre improbable d’un guitariste rythmique complémentaire à moi et
qui en était arrivé au même raisonnement à savoir qu’il en avait également marre
de passer tout son temps à parcourir l’Ile de France pour un résultat final très
décevant. Il s’agissait bien évidemment de Didier Bernoussi avec lequel nous
sommes allés au café du coin, nous avons sympathisé immédiatement et pris la
décision commune de créer un nouveau groupe ensemble avec toutes les
conséquences qui en découleront pour la suite sur chacun de nous...
Suite
à cette nouvelle collaboration, naissance de ce qui allait devenir “Stratos” nom
que nous avions trouvé tout simplement puisque nous jouions chacun sur des
Strats diminutif de Fender Stratocaster pour les non connaisseurs. Nous avions
ainsi le socle mais pour fonder un groupe il faut bien évidemment s’entourer
d’autres musiciens. Donc nous nous sommes mis en quête et pour cela nous avons
bien évidemment passé des annonces dans les deux revues spécialisées de l’époque
c’est à dire toujours les mêmes Best et Rock&Folk. Et là la nouvelle aventure
pouvait démarrer.
Bien évidemment nous sommes passés par toutes sortes de
phénomènes dont un qui nous a marqué particulièrement puisque nous avons reçu un
appel d’un soi-disant chanteur dénommé Jean-Louis (je cacherai le nom
volontairement) qui avait à ses dires suffisamment de moyens pour produire le
groupe si cela lui convenait. Nous voilà donc partis dans la vieille 404 blanche
de Didier pour aller découvrir qui se cachait sous ce pseudonyme et
effectivement il avait un appartement dans le 16éme arrondissement de Paris, une
Mercedes blanche et une superbe compagne. Bon début. J’avais avec moi une
cassette de quelques titres que j’avais en réserve et en lui faisant écouter dès
les premières notes il nous dit que cela lui suffisait et qu’il était convaincu
par notre projet en cours. Nous nous sommes échangé un regard furtif avec Didier
mais bon jusque-là tout était encore plausible même si son écoute nous
paraissait un peu brève...mais bon après tout pourquoi pas.
Après cela il
nous a fait écouter le titre qu’il passait en boucle partout où il se trouvait
et qui plus est dans sa voiture et il s’agissait d’un morceau qui faisait un
carton à cette époque “Carry on wayward son” du fameux groupe Kansas tiré de
l’album Leftoverture. Il nous dit qu’il voulait un groupe qui joue dans ce style
et que dans ce cas il était prêt à investir beaucoup d’argent. Ok, cela ne nous
déplaisait pas et donc pourquoi pas après tout. Sur ce il loua un studio de
répétition et nous étions à la recherche à présent d’un bassiste, d’un batteur
et d’un clavier lui pour sa part devant assurer le chant.
D’un coup nous
avons trouvé un super bassiste beaucoup plus âgé que nous mais qui avait déjà
une très longue expérience dans le métier, Alain Pernette qui nous proposa un
excellent batteur avec lequel il travaillait souvent, Jacky Bonneau (mon
homonyme mais sans aucun lien de parenté).
Nous leur avions présenté le
projet et expliqué le but du fameux Jean-Louis et en leur faisant faire
connaissance entre eux Alain a tout de suite flairé que cette histoire était
trop belle pour être vraie mais étant très sceptique il souhaitait cependant
tenter l’expérience afin de voir où cela nous mènerait. J’étais rempli de doutes
également mais comme Alain je souhaitais malgré tout poursuivre l’aventure. Nous
nous retrouvions désormais au studio pour travailler ensemble mais Jean-Louis
trouvant toujours un prétexte pour ne pas chanter ne faisait que des sauts pour
suivre l’évolution du projet...Nous commencions à suspecter vraiment le
personnage d’autant qu’entre temps on voyait défiler de plus en plus de très
belles femmes dans son appartement qui n’était un fait qu’un grand studio et le
tout réuni nous portait à réflexion. L’atmosphère commençait à s’alourdir
nettement mais comme Jean-Louis était malgré tout très malin il sentait le
manque de confiance qui montait en nous et comme dès le début il avait une sorte
d’admiration pour moi il me faisait de plus en plus de cadeaux et cela me
mettait dans l’embarras surtout par rapport à Didier.
Parallèlement on
sentait que les filles étaient prêtes à s’occuper de nous et un malaise
s’installa progressivement jusqu’au jour où nous avons d’un commun accord décidé
de tout stopper avant qu’il ne soit trop tard. Bien nous en prit puisque peu de
temps après Jean-Louis m’a contacté et il ne savait pas comment me l’avouer mais
il s’était pris une balle dans le pied, il avait déménagé dans une tour à Ivry
et avait tout perdu. Il m’a quand même demandé de passer le voir et qu’il
m’expliquerait tout. Mais nous avions déjà cerné le personnage et avions compris
qu’il s’agissait d’un proxénète qui faisait travailler des prostituées de luxe
et même sa compagne qui était superbe travaillait en fait pour lui et était plus
moins la “chef” de tout ce réseau avec lui en dirigeant d’où les sommes en
espèce qu’il trimballait toujours sur lui.
Enorme déception mais en même temps grand soulagement d'être enfin sorti de
cette histoire qui devenait de plus en plus sordide. Je suis malgré tout allé le
voir car il avait toujours été adorable avec moi mais le fait d'aller dans les
tours d'Ivry sur Seine et de le rencontrer dans cet état lamentable et blessé
dans un appartement minable m'a laissé un très triste souvenir de toute cette
histoire et le conte de fée s'était transformé en pire cauchemar. Je préfére
m'arrêter là et passer à la suite beaucoup plus "normale" dirons-nous. Donc
cette fois nous sommes repartis avec Didier mais avec notre fameux tandem
basse/batterie qui pour le coup nous avait suivi.